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GESTION DES CHEVAUX EN PRAIRIE

 

Les chevaux sont des animaux qui ont besoin de bouger beaucoup. Si vous les observez quand ils broutent, vous pourrez remarquer qu’ils prennent quelques bouchées puis font quelques pas avant de reprendre quelques bouchées. Ils bougent aussi beaucoup dans leur prairie ou paddock au cours d’une journée. Le fait de pouvoir bouger est un des éléments essentiel au bien-être mental et physique du cheval.

En Belgique, et dans les régions avoisinantes, l’herbe est beaucoup trop riche. Cette herbe convient très bien aux vaches, mais est beaucoup trop riche pour les chevaux, qui sont des animaux des steppes, ayant évolué pour pouvoir se nourrir d’herbe pauvre et de quelques buissons tout en parcourant de grandes distances journalières. Le fait que l’herbe est trop riche entraînera très souvent de l’obésité, parfois de la fourbure et encore d’autres problèmes.

Il est donc essentiel de gérer la quantité et la qualité de l’herbe que le cheval va ingérer. On peut faire ça de différentes façons :

-soit en faisant des couloirs avec des clôtures électriques de façon à limiter l’accès à l’herbe tout en favorisant un maximum de mouvement. Dans ce cas il faudra bouger la clôture électrique tous les jours pour donner 15 à 35m2 par cheval, dont la majorité sera donné le matin (voir plus loin pourquoi). Le nombre de mètres carrés dépend du type de cheval, et de la quantité d'herbe disponible (hauteur, densité, type, saison...) Il y a moyen de faire un système de clôture facile à bouger : un système pour lequel il suffit de faire coulisser un peu plus loin le fil électrique. L’après-midi ou le soir je conseille de nourrir au foin, qui est malgré tout meilleur pour le cheval que l’herbe (voir plus bas).

-soit en limitant la durée de l’accès à l’herbe.  Vous pourriez par exemple mettre le cheval/poney une à deux heures le matin. Le reste du temps le cheval/poney pourrait rester dans un paddock de terre ou de sable, avec du foin et de l'eau en suffisance.

 -soit en leur mettant un masque spécial, qui leur permet de manger un peu d’herbe, mais beaucoup moins que sans masque.

-une autre possibilité qui est excellente si vous êtes propriétaire de la prairie serait de faire un couloir tout autour de votre pré, de laisser pousser le milieu pour en faire du foin et de nourrir les chevaux au foin (en réfléchissant à comment favoriser un maximum de mouvement : ex donner le foin d’un côté, l’eau de l’autre). Ou encore de donner une quantité d'herbe limitée en dehors du couloir périphérique.

L’herbe contient des sucres dont l’un de ceux-ci est le fructane. Le fructane est un sucre composé de plusieurs molécules de fructose. Le cheval n’est pas capable de digérer le fructane au niveau de l’intestin grêle et ce sucre arrive donc tel quel jusqu’au cæcum. Il faut savoir que le cæcum est une grosse cuve de fermentation contenant énormément de bactéries « amies », qui digèrent les fibres (cellulose…) et les transforment en énergie assimilable par le cheval. Voilà une des raisons pour lesquelles les fibres (du foin par exemple) sont essentielles au bien-être du cheval. Mais attention, ces bactéries ne peuvent pas supporter l’arrivée de trop de sucre (fructanes de l’herbe ou amidon des céréales). En effet, les bactéries vont transformer les sucres en acide lactique, ceci va rendre le pH acide et tuer ces même bactéries! En mourant, elles libèrent des substances très toxiques : les endotoxines. Ces substances vont passer dans le sang du cheval et provoquer des effets divers tels la fourbure par exemple. Quand est ce que trop de sucres arrivent dans le cæcum ? Lorsqu’il mange trop d’herbe trop riche en fructanes ou encore si on donne de gros repas de céréales aux chevaux.

Quelques petits trucs peuvent aider :

-l’herbe est moins riche en fructanes le matin

-la quantité de fructane va augmenter au cours de la journée, pour être maximale le soir, surtout si la journée a été ensoleillée.

-la quantité de fructane va augmenter lorsque l’herbe est « stressée » par exemple par le gel matinal (ou une nuit froide) ou encore sur une prairie « sur-paturée ». Il est donc faux de croire que le poney fourbu peut rester sur une prairie d’herbe rase : en effet celle-ci sera très riche en fructanes. Il vaut beaucoup mieux limiter le temps d’accès sur une herbe haute, par exemple déjà montée en graine ou encore mieux : laisser le poney dans un paddock de sable et nourrir au foin (détrempé 30 à 60 min dans l’eau chaude pour éliminer plus de sucre dans les cas graves).

-il est conseillé de faire analyser le sol pour déterminer quels sont les éléments manquant de façon à pouvoir y pourvoir en mettant les engrais appropriés. En effet à nouveau, s’il manque des éléments essentiels, ça « stresse » l’herbe et augmentera le taux de fructanes.

 

Quels sont les autres points importants ?

C’est déjà très bien de laisser votre cheval en liberté pour qu’il puisse bouger et se promener toute la journée (et la nuit) avec ses congénères mais il est aussi essentiel de lui faire faire de l’exercice supplémentaire: l’exercice est essentiel pour le système locomoteur, renforcer les os, tendons et articulations. L’exercice va aussi aider à limiter l’obésité, favoriser le transit intestinal ainsi que le bien-être mental de votre cheval. Il est essentiel de commencer par un peu d’exercice et d’augmenter progressivement la durée et l’intensité, de façon à entraîner votre cheval et non pas l’abîmer! Pour des chevaux sains adultes, commencez par 15-20 minutes à basse vitesse et intensité pendant une quinzaine de jours avant d’augmenter soit l’intensité soit la vitesse, de façon à arriver à minimum une trentaine de minutes d'exercice soutenu journalier endéans les 3 à 4 mois. En cas de doute, ou en cas de pathologie ou si il s’agit d’un jeune cheval , demandez conseil à votre vétérinaire !

Vérifiez la présence de « mauvaises herbes ». Certaines peuvent être très toxiques et il faut les éliminer. D’autres sont modérément toxiques et peuvent vous donner des informations sur la nature du terrain : par exemple le bouton d’or peut entraîner de la diarrhée et vous indique que votre terrain est très probablement trop acide et/ou trop humide. Il faudra rajouter de la chaux (et si nécessaire drainer le terrain). Vérifier les haies avoisinantes, l’if (taxus baccata) étant mortel pour les équidés. Pour plus d’infos, voyez l’article « plantes toxiques ».

N’oubliez pas non plus de mettre une grande partie (ou l’entièreté) de la prairie au repos (sans animaux dessus) au plus tard depuis fin février jusqu’à ce que vous obteniez une herbe mi-haute, ce qui, en fonction du temps, arrivera entre avril  et juin. Le temps nécessaire de mise au repos de la prairie varie en fonction du terrain, des conditions climatiques et des conditions d'exploitation de la prairie (par exemple un système d'exploitation par couloir permet une remise au pré beaucoup plus précoce qu'une utilisation traditionnelle d'un pré non parcellé).

Conclusion :

Il est essentiel de faire de la prévention chez le cheval : il vaut beaucoup mieux prévenir que guérir !! Une fois que votre cheval rentre dans le cercle vicieux de la fourbure ou du syndrome métabolique, il peut être difficile d’en sortir! Il est donc essentiel de contrôler l’alimentation de votre cheval de façon à éviter l’obésité, qui est particulièrement néfaste chez les équidés. Idéalement vous devriez pouvoir voir ou palper 2 ou 3 côtes sur votre cheval, poney ou âne. Evitez  les sucres en trop grande quantité (herbe ou céréales). Préférer le foin tant que possible. Favoriser un maximum d’exercice (libre pour la plus grande partie de la journée mais aussi monté, longé ou autre) tous les jours ou tous les deux jours. N’oubliez pas que les chevaux sont des athlètes et non des vaches à l’engraissement !

Note :  certaines races semblent prédisposées soit à  un surpoids et/ou à la fourbure et/ou au syndrome métabolique ; faites donc particulièrement attention si vous avez :

-         un Quarter horse

-         un poney Shetland

-         un Haflinger

-         un Fjord

-         et d’autres races rustiques

-         les ânes et mules sont aussi prédisposés

 

Article écrit par Dr Barbara Maulet

 
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